Une salle de réunion Breather, louée à l’heure
Check in en ligne dans la salle Breather
Un espace Landromat et café à San Francisco
Spacious : transformer les restaurants fermés en journée en espaces de Coworking
Quand on n’est pas né avec un smartphone greffé dans la main et qu’on ne pense pas que toute la vie tient dans internet, comme moi, San Francisco finit par donner le vertige…
Je suis partagé entre l’euphorie des révolutions en cours et à venir, et leur cortège d’opportunités, et la crainte que le numérique et la robotisation n’emportent sur leur passage tant d’activités traditionnelles. Moi qui envisage de me lancer à nouveau dans une activité « physique » (pas seulement le jogging), cela me pousse à tenter d’estimer le risque que cette activité soit dématérialisée un jour. Pour éviter les combats perdus d’avance.
Le contraste est saisissant quand on pense aux grèves récentes des taxis en France, aux débats de société sur les lois encadrant l’activité des VTC, alors que pendant ce temps les rues de San Francisco regardent passer des voitures tests pleines de capteurs et de caméras, qui préparent la voiture sans chauffeur de demain. Celle qui permettra à Uber de justifier sa valorisation pharaonique en décuplant ses profits parce que l’entreprise pourra justement se passer de ces chauffeurs si controversés en France… de la même manière, l’explosion régulière du commerce en ligne continuera d’avoir un impact négatif sur les commerces physiques. Le black Friday cette année a été le meilleur jour de l’histoire d’Amazon, et selon une étude Kantar, 55% des personnes interrogées envisagent de visiter Amazon pour leurs courses de Noël, contre 41% en 2014. Après la grande distribution, internet, comment ne pas y voir de bonnes raisons pour la poursuite de la chute de nombre de petits commerces.
Tout cela n’est pas nouveau bien sûr, mais j’essaie de voir quelles opportunités vont émerger dans les usages de ces espaces de petits commerces en ville, dont beaucoup n’auront plus de rentabilité.
Il semble évident que tous les commerces se contentant de vendre des produits ont du souci à se faire, car la vente de ces mêmes produits en ligne sera toujours plus efficace, rapide, moins chère, et sans loyer de magasin, sans salaires pour les vendeurs, etc…
En revanche, tous les services pour lequel le contact physique avec une personne ou un lieu est indispensable, coiffeur, manucure, massage, cabinet d’esthétique, laverie automatique, pressing, salles de sport (UrbanSoccer !) etc… devraient durer. Et comme ce sont en général des métiers traditionnels et peu innovants, et que toutes les études montrent que les gens cherchent de plus en plus à vivre des expériences, recherchent des conseils, veulent faire plusieurs choses en même temps, il peut y avoir des opportunités en revisitant ces métiers traditionnels. En installant des espaces de convivialité dans les laveries automatiques, café, internet, comme on en trouve à San Francisco. Ou en transformant des espaces de coiffure en écoles de formation, ou en espaces de jeu ou cours de coiffures pour les petites filles qui continuent à coiffer leurs poupées malgré internet…
Les restaurants continueront certainement à être fréquentés par une clientèle cherchant des ambiances, des expériences, de la convivialité, mais leur rentabilité sera encore plus en question, prise en ciseau entre la montée des prix de l’immobilier dans les grandes capitales, la concurrence des ventes en ligne, les charges sociales et les normes d’aménagement des espaces accueillant du public, toujours plus drastiques. L’amélioration de leur rentabilité peut passer par l’augmentation des plages d’utilisation et la diversification des sources de revenus. C’est l’idée de Spacious (www.spacious.com ), une start-up New-Yorkaise, qui propose de transformer certains des 2000 restaurants de Manhattan ouverts seulement le soir, en espaces de coworking pendant la journée. Spacious y fournira le wifi, le café, gèrera la musique, l’ambiance, et un hôte accueillera les coworkers. Ceux-ci paieront un abonnement de 100$/mois, avantageux par rapport aux 300$ minimum pour un hotdesk dans un espace de coworking classique, et pourront accéder à tous les restaurants du réseau pour y travailler, organiser des réunions, etc… Un Metoo français vient de se lancer à Toulouse. Ce genre d’initiative incite également à évaluer la qualité d’un espace de restauration en fonction des possibilités d’utilisation de l’espace en dehors des heures de service.
Enfin, pour les petits bureaux de 20-40m² qui seront directement victimes de la concurrence des espaces de coworking en pleine explosion, Breather (www.breather.com ), une start up canadienne qui a levé 20M de dollars, propose de les transformer en salles de réunion réservables en ligne, à l’heure. J’ai testé cette semaine sur Market Street, juste à côté du métro, et ai fait une très bonne réunion avec moi-même. De gros investissements marketing sont certainement nécessaires pour générer la demande et lancer la machine, mais cela pourrait peut-être également constituer une opportunité de nouveaux usages pour les petits espaces commerciaux à Paris, bien placés mais en dehors des artères les plus passantes.
Il y a peut-être un moyen de s’en sortir sans être le roi de la tech. Peut-être…