Avoir la chance de donner les cours aux enfants cette année était pour moi (Victor) une des principales motivations du voyage. Parce que j’aime comprendre et expliquer. Parce que je m’imaginais créer une relation unique avec les enfants en devenant leur professeur. Et parce que j’espérais réussir à leur transmettre des méthodes clés pour réussir plus tard, leurs études et leur vie professionnelle, pour mieux réfléchir, apprendre, comprendre les questions, travailler en temps limité… Nous avons choisi les cours d’enseignement à distance de l’école Sainte-Anne, et débuté l’année dans la joie et la bonne humeur, le CE2 pour Candice et le CP pour Georges.
L’année scolaire est désormais bien avancée et je peux tirer un premier bilan de mon expérience. Tout d’abord, si je devais classer les membres de la famille par niveau de satisfaction, je dirais : 1. Moi, très content quand même de cette expérience même si elle n’est pas facile tous les jours. 2. Maxime, parce que lui cette année, il ne va pas à l’école. 3. (Assez loin derrière…) Georges, content d’apprendre à lire et à faire des opérations, mais qui en a marre au bout d’une heure, et trouve que l’école était plus sympa en grande section avec des jeux, des copains et des dessins. 4. Candice, qui est intelligente, qui aime bien le français et les maths mais pas autant que les activités physiques ou artistiques, et qui déteste les évaluations et la pression…et avec qui je n’ai manifestement pas su trouver le bon réglage.
Qu’est-ce qui me plait dans cette expérience ? Je vais faire attention à ce que j’écris pour ne pas me retrouver avec la moitié de ma famille enseignante sur le dos… D’abord, après des années d’entrepreneuriat passées à réagir à des imprévus, à prendre des décisions sur la base d’informations incomplètes, j’aime cette routine qui s’est installée, le programme à suivre, semaine après semaine, module après module, avec des notions binaires de réponses bonnes ou fausses en maths ou en français. Je fais les cours du lundi au vendredi, de 9h à 12h, et cette routine rythme notre voyage en lui faisant apparaître des week-end et des vacances, qui nous semblent nécessaires pour les enfants. Aude quitte donc la « salle de classe » avant 9h avec Maxime et Emile, et je reste seul avec Candice et Georges. Nous nous installons de la même manière tous les jours, nous prenons les matières dans le même ordre toutes les semaines, avec, pour chaque matière, la leçon un jour, des exercices le lendemain, et l’évaluation le jour suivant. Ça me rappelle mes propres années d’étude, un rythme concentré et studieux, dans lequel la progression est mesurable et est le fruit de son propre travail, ce qui me semble toujours très agréable.
Evidemment le plus satisfaisant est l’impression parfois de transmettre à un enfant une méthode, un raisonnement, permettant de penser que la notion est définitivement acquise, et qu’il saura réagir plus tard devant le même type de problème. Et quand le déclic survient après une situation de blocage, et que l’enfant est vraiment content d’avoir enfin compris, c’est le bonheur ! Le voyage m’a aussi donné l’occasion de rendre des matières plus vivantes, comme l’histoire des grandes découvertes et de la colonisation enseignée au Mexique, la leçon sur les volcans reprise après le tremblement de terre à Bali, ou encore les thèmes d’urbanisme et d’agriculture abordés en comparant les différents endroits visités cette année.
J’avais eu de nombreuses remarques avant de partir sur la difficulté de donner les cours sans être enseignant, surtout à ses propres enfants, et surtout dans une année charnière comme le CP, dans laquelle on apprend à lire. Je trouve qu’en pratique avec l’aide décisive de cours d’enseignement à distance de qualité comme le cours Sainte-Anne, c’est tout à fait faisable. Il faut simplement suivre le programme, module après module, et s’assurer que l’enfant comprend vraiment, en ne restant jamais sur un blocage. Même pour l’apprentissage de la lecture, qui était mon point d’inquiétude, j’ai simplement suivi le programme dans l’ordre, et tout s’est bien passé.
Pour moi, la difficulté est ailleurs : aider les enfants à atteindre un niveau de concentration dans lequel 5 minutes sont plus efficaces qu’une heure d’attention relative. Le plus difficile dans cette année était d’avoir 2 classes en même temps, CE2 et CP donc, même 2 classes d’une personne seulement. Parce qu’il suffisait souvent que je m’occupe de l’un pour que l’autre se déconcentre, perde le fil, et que je le retrouve exactement au point où je l’avais laissé 20 minutes plus tôt. Je n’avais jamais réalisé à quel point la tâche des enseignants ayant 2 niveaux dans une même classe était difficile ! Bravo à eux ! Et la concentration des enfants ne se décrète, pas, en tout cas pas celle des miens… Pour y parvenir, il me faut commencer par une mise en situation (pas de perturbation extérieure, calme ambiant), puis susciter l’intérêt pour le sujet du jour, savoir remarquer et féliciter les progrès, menacer quand la situation se dégrade, tout en gardant du rythme tout au long de la matinée. Tout cela en percevant exactement ce qui se passe dans la tête de chaque enfant à chaque instant, pour lever un blocage ou s’engouffrer dans une voie quand la porte est ouverte. Comment est-ce possible avec 30 enfants en même temps ? Je trouve que c’est là la vraie difficulté de l’enseignant, en tout cas dans les petites classes.
Conséquence naturelle : lorsque les éléments de concentration réelle sont remplis, et lorsque le dialogue s’installe avec un élève dont on sent exactement à quel niveau de compréhension et de raisonnement il est, 10 minutes sont bien plus efficaces que 3 heures. J’ai donc eu logiquement l’impression que des cours particuliers d’1h30 par jour et par enfant (3h par jour pour les 2) suffisaient largement, et étaient bien plus efficace que 7 heures de cours collectif à l’école « normale ».
Restent les colères parfois, les crises de larme aussi, les messages d’insatisfaction des enfants sur lesquels je m’arrête peut-être un peu trop. Aurais-je du m’attendre à des mercis chaleureux tous les jours et un cadeau en fin d’année ? Je pense avoir ma part de responsabilité en ayant été très exigeant avec eux, avec une forme de pression à l’apprentissage et à la progression qui ne leur convenait pas forcément, surtout pas à Candice. On verra ce qu’il en restera dans quelques années, et s’ils retiendront finalement les bons souvenirs.
Personnellement, ma plus grande satisfaction est d’avoir l’impression de connaître beaucoup mieux mes enfants après cette année de relation unique. Quand viendra l’heure des choix plus tard, j’espère pouvoir mieux les conseiller, les orienter, ou tout simplement mieux comprendre et accepter leurs choix.
Georges semble beaucoup aimer l’Ipad.
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3 heures par jour !! Tu es courageux…
Nous souhaitions faire 1 heure par jour… qui s’est souvent transformé en 1,5 … le temps qu’ils s’y mettent… Nous prenions chacun un enfant, sauf certains jours…
A l’arrivée, Jospéhine (CP) savait très très bien lire. Sa seule difficulté en CE1, c’est de rester assise toute la journée et pas se disperser, bien se tenir à son bureau. Pour Gaspard (CE1 pendant le voyage), après 6 mois de CE2, il s’ennuyait tellement qu’il est passé au CM1 en janvier…
Alors je pense que tu peux décider de faire des week end prolongés, faire beaucoup beaucoup de jeux (tables de multilplications, conjugaisons et surtout des langues)…
profitez bien !!
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Bravoooo vous êtes tous deux merveilleux d’avoir monté ce projet, quel magnifique message d’amour pour vos enfants! Et merci pour vos récits toujours détaillés toujours très intéressants, simples et sans fanfaronnade! C’est un privilège de vous suivre dans cette belle aventure! Continuez d’en profiter et de partager! Biz
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Bravo mon fils. Vos enfants ont 1 chance unique de vous avoir tous les 2. See you soon.
Baisers de Angkor
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Bravo! Vous êtes des parents formidables! Affectueusement a vous 6
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